Le monde des fichiers est rempli d’acronyme, sans doute parce qu’on ose pas dire tout haut et clairement de quoi il s’agit. L’acronyme STIC signifie Système de Traitement des Infractions Constatées. Il renferme de l’ordre de 5,6 millions d’individus. Comme son nom l’indique, les personnes sont présentes dans le fichier car leur nom a été cité dans le cadre d’une procédure pénale. L’originalité du STIC est qu’il recense non seulement les personnes mises en cause mais aussi les victimes. Tous les services de police ont accès au STIC et certains individus pour certaines informations peuvent rester ficher au STIC pendant un maximum de 40 ans. Le second fichier de police dont on parle de plus en plus est le FNAEG. Ce nouvel acronyme signifie Fichier National des Empreintes Génétiques. Ce fichier n’a pas l’ampleur du STIC. De l’ordre de 850.000 entrées seulement. On y trouve des bases de données d’empreintes digitales et de plus en plus l’ADN. Cet élément essentiel du matériel héréditaire de tout être humain permet à coup sur d’identifier et de distinguer un individu d’un autre. On a pu assister ces dernières années, à la réouverture spectaculaire d’enquêtes de police qu’on croyait close, grâce à l’ADN. La réouverture à la fin de l’année 2008 de l’enquête dans l’affaire du petit Grégory mort noyé en 1984 dans la Vologne, en est une nouvelle illustration. Sur demande du Parquet, la Cour d’Appel de Dijon a demandé la réouverture de l’enquête au motif que des relevés ADN ont pu être identifiés sur le timbre d’une lettre postée par le corbeau de cette affaire. On trouve donc dans le FNAEG des empreintes génétiques relevées sur les lieux ou à l’occasion d’une infraction ou de personnes condamnées ou mises en cause. Enfin, le plus énigmatique et mystérieux des fichiers de police est celui dit des RG ou Renseignements Généraux. Appelé à évoluer très prochainement, jusque dans son nom, compte tenu de la fusion des RG et de la Direction de la Surveillance et du Territoire, ce fichier est une énigme pour tout citoyen. Sont inscrites dans ce fichier les personnes qui « jouent un rôle significatif » en matière politique, économique, social, religieux ou philosophique. La rançon du succès en quelque sorte … Ce fichier des RG est complété d’un fichier central du terrorisme. Autrement dit, en raison du caractère très vague du critère « jouer un rôle » devant conduire à son fichage dans ce fichier, nul ne sait à coup sur s’il figure ou pas dans le fichier des RG. On évalue à 2,5 millions, le nombre de personnes présentes dans le fichier des RG. Evolution assez remarquable de la législation, la Loi autorise tout citoyen à accéder à sa fiche RG s’il le demande. Pour obtenir ce droit, tout citoyen doit écrire à la CNIL en exprimant cette demande et en joignant la copie d’un titre d’identité permettant notamment de vérifier sa signature. La CNIL désigne alors un magistrat qui contrôle le cas du demandeur. Si celui-ci n’a pas de fiche RG à son nom, la CNIL l’en informe par courrier. Si les RG détiennent des informations sur son compte, celles-ci sont communiquées, après accord du ministère de l’intérieur, à l’intéressé qui peut consulter ses informations à l’adresse du siège social de la CNIL. Edvige ou pas, les fichiers de police ont encore de beaux jours devant eux, même si on constate clairement dans la Loi, un début de contre pouvoir au bénéfice du citoyen.