Nous sommes clairement des enfants gâtés.
J’ai bénéficié d’une multitude de services, tous de grande ou de bonne qualité, certains de très haute technicité, sans bourse déliée.
Pas un seul geste de paiement pour ne serait ce qu’un seul centime d’euros.
Evidemment, ce sentiment de gratuité n’est qu’un sentiment.
Derrière l’apparence, se sont mis en jeu des assurances publiques et privées, auxquelles je cotise.
J’ai produit mes cartes Vitale et de mutuelle aux urgences, lesquelles ont déclenché un processus totalement dématérialisé et à mes yeux invisible.
Nous travaillons depuis plus de 10 ans en France à la dématérialisation des processus.
Tout cela est très bien et je contribue à ce mouvement par mes réflexions et ma pratique.
Mais, cette dématérialisation peut parfois donner une impression différente de la réalité.
On oublie trop souvent qu’au centre du système se retrouve un être humain, un citoyen, un assuré social.
On ne peut s’affranchir de la nature profonde de l’homme.
Les systèmes économiques et politiques qui l’ont oublié ont tous lamentablement échoué, surtout les plus généreux.
Or, l’homme ne respecte un processus que s’il a à ses yeux de la valeur.
On sait parfaitement que la gratuité ou le sentiment de gratuité déprécie les choses : l’homme ne les respecte pas.
Si on veut pérenniser ce formidable système de santé qui est le nôtre, il faudra bien que cette dématérialisation s’accompagne d’une démarche pour rappeler à ses bénéficiaires le prix du service rendu.
Il faut retrouver le geste de payer le prix de ma cheville, pour protéger et peut être sauver notre système santé.